à la limite de la crédiblité
théâtre
1h20
Une anatomie du mensonge, inspirée de témoignages, à la recherche de la frontière entre fantasmes et réalités.
Les comédiennes M, L et C naviguent à travers des récits intimes. On rencontre Éric, Maria, Billy, des enfants cascadeurs, trois hommes musclés au bord des larmes… L’une s’invente de prestigieux talents et une future carrière de basketteuse lors d’un job d’été. L’autre ment pour impressionner la galerie et garder à distance la brigade des mœurs. Traversées par ces récits, les trois comédiennes sont à leur tour prises par l’envie de créer le lien et la fiction, ici, au plateau. Car si on ment, il faut bien que l’autre en face nous croit.
Je mens pour me cacher. Pour me cacher mais pour être trouvé. Car me cacher est un plaisir mais ne pas être trouvé est une catastrophe. Cette formule inspirée du psychiatre Donald Winnicott accompagnera notre écriture comme une énigme à déchiffrer, une équation à résoudre.
Un jour, moi, Camille Jouannest, j’ai menti à mes amies Laurine Villalonga et Marguerite Courcier. Ce mensonge a duré trois ans. J’ai pris un plaisir immense à inventer, trafiquer,manipuler, détourner et jouer avec la réalité. Le jour où la vérité a éclaté, nous avons toutes les trois voulu comprendre. Mais pourquoi ment-on ?
A la limite de la crédibilité a l’ambition d’être une anatomie du mensonge. Par une forme polyphonique, trois corps, trois voix incarnent plusieurs identités face à un public complice et témoin de leurs tentatives de se raconter en traversant les frontières poreuses du vrai et du faux. Mentir pour apparaître ou par peur d’apparaître, mentir pour exister ou pour s’effacer.Avec une plongée dans les mécanismes du mensonge, nous voulons en faire émerger ses paradoxes. Sa dimension de pharmakon sera notre fil rouge : remède ou poison, tout dépend de l’usage que l’on en fait. Porter des masques peut être aussi jubilatoire que douloureux et l’enjeu que propose ce texte est de faire sortir le mensonge de la boîte de Pandore et de se rappeler que nous ne sommes pas seul.e.s à mentir. En s’adressant au public sur la question du mensonge, la pièce lève le voile sur l’intimité de ses personnages et sur ce qui d’ordinaire se tait.
Avec cette pièce, nous voulons faire circuler et donner vie aux histoires qu’on se raconte, à nos propres mythes, à nos fantasmes, en les regardant en face, en les incarnant. Théâtraliser nos mensonges pour les dédramatiser et les déculpabiliser. Le mensonge devient alors outil identitaire : s’inventer soi-même, devenir quelqu’un.e d’autre. Il est une sortie de secours, une bouée de sauvetage face aux catégorisations et aux assignations restrictives.
Camille Jouannest, Marguerite Courcier et Laurine Villalonga
écriture, mise en scène, interprétation : Marguerite Courcier, Camille Jouannest, Laurine Villalonga / collaboration à la dramaturgie, regard extérieur : Lucy Millett / scénographie : Amélie Kiritzé-Topor / costumes : Noé Quilichini assistée de Léonie Gobion / création sonore : Camille Vitté / lumières : Marinette Buchy / regard complice : Éli Lécuru / Régie son (en alternance) : Célia Boutang, Thomas Guiral, Camille Vitté / régie lumières : Ketsia Bitsene / production, administration : Sarah Mercadante / diffusion : Bénédicte Augrain